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Liquid Glass : élégance ou complication ?

Portrait de Vincent Parisod
Vincent Parisod 15 septembre 2025

Présenté lors de la WWDC 2025, le Liquid Glass design marque une nouvelle étape dans l’évolution des interfaces Apple. Après le skeuomorphisme, le flat design et le glassmorphism, voici une approche qui joue sur la transparence, la réfraction et la profondeur. L’objectif est ambitieux : donner aux interfaces une matière vivante, cohérente sur tous les OS, du Mac à l’iPhone.

Avant Liquid Glass : 3 grandes tendances

Skeuomorphisme : style qui imite la réalité. Boutons en cuir, étagères en bois, carnets qui ressemblent à du papier. L’idée était de rassurer l’utilisateur en retrouvant des objets familiers dans le numérique.

Flat design : rupture totale avec le réalisme. Place aux surfaces colorées, aux formes simples, sans ombres ni textures. Un langage graphique minimaliste qui mise sur la lisibilité et la rapidité d’exécution.

Glassmorphism : interfaces semi-transparentes avec un effet de verre dépoli. Le fond est flouté, les éléments semblent flotter avec de la profondeur. Popularisé par Windows Vista, puis repris et simplifié par Apple dans iOS.

À première vue, le rendu est impressionnant. Le verre semble réagir à son environnement, capter la lumière, créer des transitions fluides. C’est élégant, immersif, et cela renforce l’identité visuelle de l’écosystème Apple.

Image © Apple – Apple introduces a delightful and elegant new software design, Newsroom, juin 2025

Mais derrière l’effet « waouh » se cachent plusieurs questions.
La première concerne la lisibilité. Un texte posé sur un fond qui change ou se trouble perd vite en contraste. Dans un contexte où les normes d’accessibilité imposent des minimums clairs, c’est un vrai défi.
Vient ensuite la charge visuelle. Trop d’effets peuvent détourner l’attention du contenu, alors que l’enjeu principal reste la clarté de l’information. Enfin, la mise en œuvre demande des ressources : temps de conception, compétences spécifiques et puissance de calcul côté utilisateur.

Les retours des professionnels vont donc dans deux directions. Certains saluent une esthétique raffinée et inspirante. D’autres craignent une surenchère graphique au détriment de l’expérience utilisateur. Comme souvent, tout dépend du contexte d’application. Dans une app de divertissement, l’effet peut renforcer l’immersion. Dans une application bancaire ou institutionnelle, la valeur ajoutée est moins évidente.

Le Liquid Glass est une piste intéressante, mais fragile. Si Apple parvient à imposer ce langage visuel, il faudra apprendre à l’apprivoiser : tester, équilibrer, et parfois savoir s’en passer. Parce qu’au final, un design réussi n’est pas celui qui en met plein la vue, mais celui qui rend l’information simple et accessible.

Ces limites expliquent pourquoi Liquid Glass divise aujourd’hui. Mais pour Apple, l’enjeu dépasse la simple ergonomie immédiate.


Derrière ces choix graphiques se cache plus qu’un simple effet de style. Apple cherche à installer une nouvelle manière de penser l’interface, avec une vision qui dépasse l’écran et anticipe les usages futurs.

La vision d’Apple derrière Liquid Glass

Avec Liquid Glass, Apple ne se contente pas de changer le look de ses interfaces. L’idée est d’introduire une nouvelle matière numérique, comme un verre vivant qui réagit à son environnement. Les reflets, la transparence et les flous donnent l’impression que l’écran n’est plus une simple surface plate, mais un matériau qui existe « en vrai », avec de la profondeur et de la lumière.

Ce choix ne vise pas seulement à séduire visuellement. Apple cherche aussi à rendre l’interface plus discrète : moins de cadres rigides, moins d’éléments figés, et plus d’espace pour le contenu. Le design devient un support qui s’efface, pour que l’utilisateur se concentre sur ce qu’il fait plutôt que sur l’habillage graphique.

L’exemple le plus parlant, c’est le Vision Pro. Dans ce casque, les icônes et les fenêtres ne restent pas enfermées dans un écran : elles se projettent dans ton salon, flottent devant toi et interagissent avec la lumière réelle de la pièce. Liquid Glass suit la même logique : préparer des interfaces capables de s’adapter à n’importe quel contexte, qu’il soit numérique ou physique.

Image © Apple – Introducing Apple Vision Pro: Apple’s first spatial computer, Newsroom, 2023

En résumé, Apple imagine un futur où nos écrans et nos interfaces ne seront plus des rectangles lumineux, mais des éléments fluides et adaptatifs, intégrés à notre environnement quotidien. Liquid Glass en est la première étape.

Mathieu Romain Vincent

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